PORTRAIT : MONOGRENADE, LA FOLK LIBRE

Un concert aux Bars en Trans à Rennes en décembre 2011, suivi d'articles élogieux dans Les Inrocks et Next, et voilà que Monogrenade réalise ses premiers coups d'éclat lors de son passage en France. Le quatuor Montréalais reviendra en 2012 déployer toute la palette atmosphérique de sa folk libre aux tentacules électro, chanson, pop ou rock avec la sortie de son opus "Tantale". Portrait d'une des sensations de 2012.


Le grand "ce soir". " Ce soir", single entêtant et premier clip réalisé en stop motion par Christophe Colette, frère du batteur, mettra le feu aux poudres en premier lieu dès juillet 2009 au Québec. "La saveur des fruits", premier e.p. vendu sur les plateformes digitales, donnant antérieurement son appellation, mélange lo-fi fruité, au groupe. En février 2010, ce dernier se lance pleinement dans l'aventure en participant au concours des Francouvertes à Montréal . L'effet se fait sentir, ça buzze. "C'est un évènement bien médiatisé avec une grande salle de plus de 300 personnes. Ça été assez vite. De nombreuses personnes avaient hâte de nous voir suite au clip de " Ce soir" même si on n'avait pas encore totalement l'expérience. Comme on manie aussi de l'électro, les premières scènes étaient un peu chaotiques. La question de savoir comment on fait les chansons sur scène est arrivé après avoir composé. On élabore notre musique sans se mettre de barrières. On a quand même terminé dans les trois premiers " souligne Matthieu Colette (batterie, programmation electro). "Tantale", leur premier album se place dès mars 2011 dans les oreilles québécoises. La notoriété monte en puissance comme le groupe qui vient en France en octobre 2011 à la galerie W puis pour des concerts en appartements. Une semaine à Paris. " Le vrai spectacle fut la première partie de Moriarty au Divan du Monde, puis à la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand, celle de Lily Wood and The Pricks, salles combles, bonnes réponses, bons retours, 8 spectacles en 8 soirs. Puis les Transmusicales de Rennes avec un beau retour presse. Le nom a circulé. Pour nous, c'est génial." rapporte François Lessard (basse).

Monogrenade est un joueur de fond de cour, il pratique un jeu régulier puis accélère, met la pression et se lache dans un coup droit violent lors d'une montée au filet. Pour marquer le point et surprendre son adversaire. Leur folk volubile et délicate, tricote les arpèges, enchevêtre des cordes (violons, violoncelle) exaltantes, développe des nappes électro et varie les climats entre propos mélancoliques et éruptions bruitistes de guitares. « Nous avons enregistré à Piémont, près des Laurentides, à 45 minutes de Montréal dans un studio, un endroit paisible. Pour s'isoler, pour ne pas avoir le stress de la ville, pas d'horaires fixes, en liberté totale. On voulait aller à notre rythme, souvent nous avons enregistré la nuit, vers les 11 heures le soir. Dans la vie, nous sommes des gens qui nous levons tard, notre rythme de vie est déjà en décalage. C'est donc plus naturel d'enregistrer la nuit, comme si on était seuls pendant que tout le monde dort. On y est resté sept semaines. Nous avions presque tout composé, musique et textes avant de venir. Nous avons juste réalisé 2 autres chansons en studio. « Immobile », par exemple, a été faite de bout en bout lors de l'enregistrement. On étaient heureux mais il y eu plusieurs ambiances, beaucoup de nuances, doux parfois, énervés parfois, comme nous. Les climats de notre disque reflète ce que nous sommes" explique Jean-Michel Pigeon (chant, claviers, guitares)


Nouvelle scène francophone québécoise. Dans une lignée musicale des britanniques Tuung, ou américains Other Lives qu'ils ont découvert récemment ("on a senti une certaine ressemblance avec nous"), les membres de Monogrenade  composent cependant uniquement en français, sous la plume de Jean-Michel Pigeon. "Nous sommes des francophones, nous parlons français, pensons français, aimons la langue. Nous avons donc un intérêt à la défendre. Il n'y aura pas de chansons en anglais. On est québécois avant tout. Pas américains. Nous sommes résistants, 5 millions de francophones entourés d'anglophones." Mais si la langue de Molière (ou de Jacques Cartier) est prépondérante, elle ne se déploie qu' une fois la musique composée. "Il n' y a pas de concept défini, ça part toujours de la musique, de la mélodie, c'est un peu impressionniste, des images se traduisent en mots. La musique inspire le texte. C'est un travail d'écriture très musical. Il est important que chacun y voit sa propre histoire, ses propres évocations imaginaires, ses images, son interprétation". Monogrenade semble ainsi partie prenante d'une scène montréalaise francophone qui tire son épingle du jeu. "Il existe une super scène underground. On s'est longtemps fait bombarder par des chansonniers, de clichés de chansons francophones, y'en a un peu marre de Céline Dion et tout çà. Une nouvelle scène apparaît, depuis quelque temps.  Malajube par exemple a fait du défrichage et apporté un vent de fraicheur ". Que le groupe québécois propage à sa manière, libre comme ses airs grisants.

En 2012, Monogrenade livrera, avec "Tantale" (sortie française), sa folk électronique désinvolte, passant d'une douce transe bercée de cordes à un lâcher-prise rock sans dépareiller, imprimant sa marque dans nos oreilles, explosant au fil des écoutes de lancinants éclats mélodiques sous-cutanés.




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